Rencontre avec l’urbanisme : et vive le cimetière !
En compagnie de notre architecte, nous avons rencontré aujourd’hui le fonctionnaire délégué à l’urbanisme, à Marloie. But de la manœuvre : obtenir un accord de principe sur l’implantation, les matériaux, et données de base de notre projet (d’un point de vue urbanistique), afin d’éviter les déconvenues lors de la demande de permis. Le résultat ? C’est ce que je développe dans la suite de l’article. Mais afin de ne pas soumettre vos nerfs à trop rude épreuve, sachez que l’histoire se termine bien.
Du suspense, du mystère, une tension dramatique ahurissante et du chocolat chaud … tout ça dans le corps du texte !
Préambule : l’urbanisme
L’Urbanisme, c’est le petit nom de la Division de l’Aménagement et de l’Urbanisme au sein de la Direction Générale de l’Aménagement du territoire, du Logement et du Patrimoine, qui est une branche de l’administration de la Région Wallonne (là, les lecteurs français ont déjà décroché). Cette administration “ est chargée d’organiser au sol le développement des activités publiques et privées, en veillant à leur coexistence harmonieuse” (site). Pour toute nouvelle bâtisse, l’urbanisme s’assure qu’elle a le droit de se trouver là, mais aussi que son implantation et son aspect sont acceptables par rapport aux bâtiments environnants, à la région, et à la politique d’implantation ( habitat serré ou diffus, …). Et c’est bien.
Et la politique de l’Urbanisme a bien évolué ces dernières années par chez nous. D’une part le bois est à présent très bien accepté, et une certaine originalité tolérée, mais d’autre part, il y a une très forte tendance à regrouper l’habitat. En clair, faire accepter une maison non mitoyenne est devenu fort difficile.
Notre situation.
Or, justement, nous avons un terrain vaste, à la sortie d’un village, et nous souhaitons construire un maison non mitoyenne. Parce que.
Round 1 : Approchage
La réunion débute. Salutations. Les participants (je n’irai pas jusqu’à utiliser le terme ‘adversaires’) se jaugent. A ma droite, le fonctionnaire de l’urbanisme a l’air sympathique. Mais méfiance, cet homme a la réputation d’être dur à convaincre. A ma gauche, notre architecte le sait, et fourbit ses ar…guments. Petit topo sur les tenants et aboutissants du terrain et on entre dans le vif du sujet, l’implantation.
Round 2 : Débatage.
D’emblée, notre interlocuteur nous fait part de sa perplexité. Notre choix d’implanter la maison le long de la route, un peu en retrait lui parait étrange. Ah bon ? J’aurais tendance à trouver ça logique, moi. Et bien je me trompe.
D’une part, en faisant ça, on ne respecte pas la manière dont les parcelles sont orientées. Notre terrain forme un triangle dont la base est la route. La logique voudrait donc qu’on s’aligne sur un des côtés.
D’autre part si on construit le long de la rue, la tradition imposerait une ‘cour ouverte’. Le fonctionnaire veut expliquer à notre architecte que c’est une zone dégagée devant la maison, sans haie ni mur. L’architecte lui répond que merci, mais elle le sait. Mais qu’en l’occurrence, la pente même du terrain ne permet pas vraiment d’envisager de maisons accolées. Et que de plus, on est à la sortie du village.
Le fonctionnaire reçoit ces arguments, mais ils ne sont pas suffisants. Dans un sens, il est vrai que le cimetière qui se trouve juste avant notre terrain marque une interruption dans la continuité de l’habitat villageois, et qu’au delà de l’endroit où on envisage de poser la maison, la pente devient vraiment trop abrupte. Mais entre la fin du cimetière et notre maison, il doit bien y avoir la place d’accoler 3 maisons, non ? Le village peut donc se poursuivre sur cette distance.
Argh, on est mal barrés.
Round 3 : Pataugeage
A ce niveau, je dois dire que j’ignore totalement comment faire pencher la balance en notre faveur. Si je parle de notre démarche écologique pour justifier l’orientation, on me répond que la première démarche écologique, ce serait de regrouper l’habitat. Ce qui est vrai. Si je parle d’une maison proche qui ne respecte pas l’alignement (je sais, c’est bas), on me déclare que ça ne devrait pas exister, et que ce n’est en rien une excuse pour faire pareil.
Round 4 : Repêchage.
Chaque fois que je dis quelque chose, j’ignore totalement si cela va servir ou desservir notre projet. C’est donc totalement au pif que je lance un nouvel élément : la ZACC ! Qu’est-ce donc ? Juste l’acronyme pour Zone d’Aménagement Communal Concerté. En bref, une zone que la commune pourra activer un jour pour agrandir les zones constructibles, lorsque l’espace disponible sera occupé. Or, il y a une ZACC (pas prête d’être activée !) derrière chez nous. Et un chemin communal entre notre terrain et le cimetière… le long de la ZACC.
Bingo ! Ca change tout pour le fonctionnaire. Lorsque la ZACC sera activée, le chemin sera transformé en route, et il y aura donc un carrefour en bas de chez nous. Le village continuera dans la ZACC, derrière le cimetière. Notre terrain et ceux qui sont au delà peuvent donc être considérés comme “hors du village”, et donc on peut y placer des maisons isolées sans défigurer le paysage.
Round 5 : Bouclage.
A partir de là, c’est en roue libre : Le bardage en bois est tout à fait bienvenu. Il faut une dérogation car le bois n’est pas explicitement autorisé dans les textes (régionaux, communaux ?), mais c’est une simple formalité. Forme OK, pente de toit OK, ardoises OK, enduit OK… bref, si l’implantation fut discutée, la maison elle même est très bien reçue.
Nous soufflons, et le fonctionnaire rédige le rapport de réunion. Sans l’engager officiellement, ce document vaut pour un accord sur les dérogations. Nous savons donc que notre permis sera accordé. Ouf. Ironie : la ZACC est l’élément qui nous a fait le plus douter quant à l’achat du terrain (risque d’avoir de voisin derrière la maison dans le futur), et le cimetière proche est un élément qui, pour beaucoup, dévalorise le terrain (nous, on s’en fout et on est sur d’avoir des abords fleuris en novembres !). Et c’est grâce à ces deux éléments que notre projet peut exister ! D’où le titre.
Et le chocolat chaud promis en tête d’article, alors ? C’est celui que Gom a commandé ensuite à la brasserie où nous sommes allés discuter de notre projet avec l’architecte. Mais ce sera le sujet du prochain article !
Ah les urbanistes (ou les architectes de france, comme ils s’appellent chez nous) quels chi….rs.
D’ailleurs parfois les règles sont tellements stricte que ça peut dégouter de vouloir faire construire.